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Oublier sa langue maternelle : Quels enjeux pour un traducteur ?

La question de savoir si l’on peut oublier sa langue maternelle est un sujet de débat récurrent. Il n’y a pas de vraie réponse puisque cela dépend d’énormément d’éléments à commencer par la personne concernée. Un enfant oubliera plus vite sa langue maternelle qu’un adulte par exemple. 

De plus, une langue s’entretient. Si l’on maîtrise bien une langue, ça n’est pas par magie. C’est parce que nous l’avons étudiée, pratiquée et utilisée tout au long de notre vie. Nous avons également rattaché beaucoup de nos souvenirs à cette langue, la rendant quasiment inoubliable. 

Si beaucoup de facteurs entrent en compte dans l’apprentissage d’une deuxième voire d’une troisième langue, d’autres facteurs peuvent amener une personne à oublier sa langue maternelle.

Oublier sa langue maternelle : comment ?

Un traducteur est toujours plus doué dans une version de langue plutôt que dans l’autre (par exemple, de l’anglais vers le français plutôt que du français vers l’anglais). La version retenue est quasiment toujours sa langue natale par opposition à la langue dans laquelle il s’est immergé plus tard.

L’immersion dans une langue est très importante. Elle doit être maintenue puisqu’elle permet de s’imprégner de la culture toujours changeante. C’est à cela que l’on reconnaît une traduction de qualité.

La localisation : c’est quoi ?

La localisation est une traduction adaptée culturellement à une zone géographique spécifique de la langue cible. Celle-ci va donc utiliser le jargon local avec des termes et des expressions particuliers. Cette traduction beaucoup plus poussée ne concerne donc pas uniquement les mots, mais prend en compte la culture et l’histoire de l’audience visée. 

Un traducteur traduira la plupart du temps vers sa langue natale tout en étant en mesure de comprendre chaque subtilité de la langue source généralement non comprise par un non-natif.

Lorsque l’on quitte son pays de naissance, l’utilisation de sa langue maternelle se fait plus rare. De ce fait, on peut en oublier des morceaux. On appelle cela “l’attrition de la langue”. L’oubli de sa langue maternelle est progressif, le locuteur aura plus de mal à former des phrases ou à mobiliser son vocabulaire à l’instant t. Le fait que le vocabulaire ne vienne pas spontanément, signifie une dégression de la pratique. L’éloignement géographique est l’une des principales causes de cette “dérive”, mais il n’y a pas que cela.

Les recherches :

En 2004, le journal des neurolinguistiques a publié une étude sur un groupe d’enfants français âgés de 10 ans, ayant quitté la Corée du Sud durant leur enfance. Une fois qu’ils ont eu 30 ans, ils étaient incapables d’identifier le coréen. Cela s’explique par le peu d’expérience vécue à leur âge, mais également à cause du traumatisme psychologique subi par le “déracinement”

En effet, des chercheurs ayant étudié la communauté juive allemande qui s’est échappée durant l’holocauste, se sont rendus compte que plus ils avaient subi de traumatismes de guerre, plus l’attrition de l’allemand était accentuée. 

Monika S. Schmid, linguiste à l’Université d’Essex, nous avertit : “à la minute où vous commencez à apprendre une autre langue, les deux systèmes entrent en compétition”.  Automatiquement, le cerveau va mettre la langue maternelle au second plan afin de faciliter l’apprentissage de la deuxième. 

Mais rassurez-vous, une fois adulte, il est rare de perdre totalement sa langue maternelle. Celle-ci est enracinée dans la mémoire profonde et est liée à des sentiments et à une éducation uniques. Un enfant a donc tendance à oublier plus rapidement sa langue maternelle puisque moins d’émotions et d’expériences y sont rattachées. De plus, une fois que l’on a appris une langue, même si on en oublie une partie, sa réappropriation sera beaucoup plus rapide et simple. Une fois que le cerveau est entraîné, apprendre d’autres langues sera également plus simple. Ensuite, se souvenir de mots ou phrases dans une langue oubliée est un exercice cérébral pointu. Cela améliore au fur et à mesure du temps la mémoire court-terme. 

Oublier sa langue maternelle : Comment l’éviter ?

Afin d’entretenir au mieux la connaissance de sa langue maternelle, il existe des exercices simples. 

Tout d’abord, la pratique est essentielle. Il faut tout exploiter, l’oral, mais l’écrit est aussi très important. La lecture permettra d’entretenir un vocabulaire plus soutenu et original, et améliorera la grammaire.  Le fait de lire est très sous-estimé, alors que même un natif qui n’a jamais quitté son pays verrait son niveau s’améliorer en lisant quelques pages par jour. 

Il est également bénéfique d’entendre sa langue, à travers l’actualité, les musiques, films ou séries, mais aussi en parlant à d’autres locuteurs natifs. Il existe pour cela beaucoup de groupes sur les réseaux sociaux, permettant à un expatrié de se retrouver avec ses semblables, permettant d’entretenir le langage, mais également de renouer avec ses racines. 

Un autre exercice efficace est l’effort de traduction des choses que l’on voit ou lit au quotidien. Par exemple, un magazine, un article ou de la poésie.

Enfin, une langue est vivante parce qu’elle évolue sans cesse. De nouveaux mots sont créés, d’autres deviennent obsolètes, et d’autres voient leur signification changer. Un traducteur qui ne s’immerge pas assez dans une langue pourrait donc fournir un travail erroné, inexact.

Un processus réversible

Pour conclure, notre cerveau est très puissant. Il stocke en mémoire de nombreuses informations que l’on pensait avoir oubliées. C’est pour cela que réapprendre une langue à laquelle on a déjà été exposé est plus simple que si celle-ci avait été inconnue. 

Il est peu probable d’oublier totalement sa langue maternelle car les attaches ne sont pas uniquement linguistiques. Elles sont également sentimentales et culturelles. De plus, la langue maternelle peut se manifester de manière inopinée dans un rêve, avec des intonations, expressions idiomatiques, lapsus. Il est cependant important d’entretenir la pratique de sa langue maternelle pour ne pas baisser en compétence. Le vocabulaire et la grammaire, quant à eux, sont des choses facilement oubliables. 

Du fait de son évolution constante, l’immersion dans la langue est un élément clé pour qu’un traducteur fournisse un travail  juste et actuel.  Il est très rare qu’il traduise dans les deux sens avec la même aisance. Les exigences du métier de la traduction sont telles que seul un natif dans la langue cible, baignant dans la culture de celle-ci sera apte à exercer. Les traducteurs sont également souvent spécialisés dans des domaines précis permettant de fournir au client des traductions pointues qui tiennent compte des particularités terminologiques du secteur d’activité. 

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